Avec quelques années de recul, le nettoyage des capteurs (ou plutôt du filtre passe-bas qui est devant) ne semble pas si dangereux qu'on voulait bien nous le faire croire… Les seuls incidents semblent être des rayures suite à frottement sur une poussière dure.
Pendant environ 3 ans, j'ai utilisé une technique sans contact par ionisation et soufflage sur mon Canon EOS 20D. Le principe est de générer un flux d'ions positifs et négatifs qui va donner lieu à un échange d'électrons avec les poussières et le filtre passe-bas, pour neutraliser toute leur électricité statique. Sans charge électrostatique, ils n'auront donc plus d'attirance particulière et un simple soufflage pourra éliminer les poussières.
Néanmoins par deux fois, après des séances photos dans les embruns, cela n'était pas suffisant et j'ai du frotter légèrement du bout du doigt avec un tissu à microfibres plates (comme suggéré par le magazine Chasseur d'Images) pour éliminer des taches rebelles.
Maintenant que mon Canon EOS 5D Mark II possède un filtre passe-bas anti-statique, je ne nettoie plus que le verre de visée, les filtres et les objectifs avec cette technique héritée des salles blanches de production de circuits intégrés pour se protéger des méfaits de l'électricité statique (examples).
N'étant pas en mesure de me payer un ioniseur Kinetronics comme celui utilisé par Alain BRIOT sur son Canon EOS 1DsMkII (cherchez "dust cleaning" dans cet article), je vous propose d'en réaliser un à partir d'un allume-gaz piézo-électrique premier prix ! Si vous n'êtes pas bricoleurs, le MILTY Zerostat3 fera l'affaire si vous l'utilisez comme indiqué ci-dessous.
Tout d'abord, je voudrais remercier Iago sur le forum Chasseur d'Images pour avoir diffusé cette idée, puis Antoine (8 ans en 2005) pour les photos de la réalisation prises avec son PowerShot A75, et finalement Jean-Marie COELHO "ESD Consulting" (spécialiste du domaine de l'électrostatique et possesseur de Nikon D200) pour ses conseils complémentaires avisés et cette présentation sur le nettoyage du capteur d'un reflex avec ionisation.
Modification de l'allume-gaz
L'allume gaz doit être un modèle piézo-électrique de ce type.
Écartez le cabochon métallique à l'aide d'un tournevis…
Pour pouvoir l'enlever en le faisant glisser.
Délicatement, séparez le corps du levier en faisant attention à la position du fil central.
Supprimez le câble de masse qui sert à générer l'étincelle.
Supprimez l'électrode centrale qui n'est pas assez pointue pour correctement ioniser l'air, nous allons la remplacer par une épingle.
Étamez au fer à souder le fil central.
Étamez également l'épingle.
Soudez ensemble le fil central et l'épingle, pointe vers l'extérieur.
Coupez la partie arrière de l'épingle après la soudure.
Replacez le cable central comme à l'origine.
Éloignez au maximum le fil central des parties métalliques internes pour éviter les étincelles parasites.
Sur mon modèle, une encoche doit être positionnée à l'arrière avant de refermer le boîtier.
Refermez l'ensemble par l'avant.
Du gros scotch permettra de bien solidariser les deux pièces.
Pour finir, et sur le conseil de Jean-Marie COELHO "
ESD Consulting", il est utile d'ajouter un petit tube en plastique court, de préférence évasé au niveau de la pointe, pour créer un effet de "canon ionique".
J'ai utilisé pour cela un capuchon de marqueur, troué et collé à l'extrémité de l'allume-gaz. Je l'ai scié pour ne pas qu'il soit trop long et n'ai gardé que la partie intérieure évasée.
Et voilà, nous l'appellerons maintenant "ioniseur à courant continu pulsé", car du fait de l'absence de l'électrode de masse, lorsque la poignée sera actionnée au rytme de deux appuis/relachés par seconde environ, des ions positifs et négatifs (suivant le sens de la pression) seront générés à la pointe de l'épingle et projetés vers la cible.
Vous pouvez approcher cette pointe de votre oreille pour entendre l'ionisation, cela vous permettra de régler la force d'actionnement de la poignée. Si vous l'actionnez trop fort, la tension risque de monter suffisament pour générer une étincelle à l'intérieur du boîtier ; c'est sans danger, mais ce n'est pas l'effet voulu.
Test de l'ioniseur
Un morceau de scotch collé sur le bord d'une table est électro-statiquement chargé.
Si vous approchez votre doigt, le scotch vient s'y coller.
En dirigeant votre ioniseur vers le scotch à approximativement 15 cm et en l'actionnant plusieurs fois, l'air ionisé viendra décharger le scotch. Le mien fonctionne encore à 40 cm.
Si vous approchez votre doigt, le scotch ne viendra plus s'y coller.
Utilisation de l'ioniseur
Pour tester votre capteur, prenez une photo d'une surface homogène (surface blanche ou ciel bleu par exemple) en fermant le diaphragme à f/22 ou plus. Une poussière apparaît sur ce détail à pleine résolution.
Dans un endroit propre et sans courant d'air, batteries bien chargées, boîtier sur un trépied, capteur vers le bas, mettez-vous en mode nettoyage capteur et approchez votre ioniseur à 15 cm environ. Actionnez le comme indiqué ci-dessus, tout en pressant la soufflette pour sortir les poussières qui se décollent maintenant facilement lors de la neutralisation.
C'est propre... et en plus déchargé ; les poussières ne sont donc plus attirées pendant quelques temps, et notamment pendant que vous replacez votre objectif !
Personnellement, j'évite le plus possible de toucher avec quoi que ce soit le capteur (ou plutôt le filtre passe-bas qui est devant). Mais, lorsqu'une tache apparaît qui ne peut être nettoyée que par frottement, j'utilise délicatement un tissu microfibres 3M/ScotchBrite à fibres plates comme suggéré par le magazine Chasseur d'Images. N'utilisez que la pulpe du doigt pour sentir le niveau de pression du tissu sur le filtre.
N'oubliez pas une séquence d'ionisation/soufflage avant (pour éliminer tout risque de rayure par une poussière minérale dure), et après (pour décharger le filtre qui vient d'être chargé par frottement et attire les poussières).
Si vous avez de gros doigts ou les ongles longs, les méthodes traditionelles type Sensor Swab vous conviendrons mieux :-)
Ce système est également très pratique pour enlever les poussières de mes vieilles diapositives Kodachrome, car l'anti-poussières ICE ne fonctionne pas avec ces diapos sur mon scanneur Nikon Coolscan IV… Mais n'hésitez pas à l'utiliser pour tout autre dépoussiérage : objectifs, écrans, lunettes, etc.
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