Trucs et astuces de composition photo

Le succès du format 3/2 horizontal des appareils reflex est peut-être lié à sa correspondance approximative avec notre champ visuel binoculaire normal (environ 180° en horizontal & 120° en vertical). Il possède bien sur une dynamique intrinsèque horizontale, et de part notre culture est préférentiellement lu de la gauche vers la droite (ou encore du passé vers le futur). Ce format représente 70% de mes photos.

Ci contre, le schéma du champ visuel normal, passez votre souris pour voir le format 3/2 en incrustation.

Le cadrage vertical sera lui plus adapté aux sujets... verticaux, et il se trouve qu'un sujet vertical fréquent est l'être humain ! Ce format possède bien sur une certaine dynamique intrinsèque verticale (vers le bas ou le haut en fonction de la composition), mais aussi dans une moindre mesure une orientation gauche-droite. Un portrait isolé regardant à gauche sera plutôt perçu tourné vers le passé et à droite vers l'avenir. Ce format représente 20% de mes photos.

Le commandement "Tu ne recadreras point" me semble un peu obsolète de nos jours avec tous nos pixels. Et j'espère que ma faute est à moitié pardonnée sachant que j'essaye de visualiser le cadre final dès la prise de vue. Un cadrage carré est très neutre, sans dynamique intrinsèque ; je dirais même intime. Tout est reporté sur la composition (ses guides visuels, ses symétries) ce qui renforce le contenu et autorise plus facilement le centrage du sujet. Ce format représente 8% de mes photos, notamment des portraits serrés, mais ce chiffre est en croissance !

Passez la souris sur l'image pour recadrer et cliquez sur le lien pour d'autres photos carrées.

Lignes d'horizon, architectures en longueur, ciels ou avant-plans encombrants : le format panoramique a de l'intérêt. L'assemblage logiciel reste une possibilité, mais les pixels du 5D Mark II associés à l'ultra grand-angle m'incitent maintenant au péché du recadrage. Ce format représente 2% de mes photos.

Passez la souris sur l'image pour recadrer et cliquez sur le lien pour d'autres photos panoramiques.

Il vaut en général mieux éviter de centrer (le sujet, l'horizon), sauf pour mettre en valeur une symétrie. On recommande souvent de se caler approximativement sur les lignes des tiers et leurs intersections.

Passez la souris sur l'image pour voir apparaître ces lignes.

Attention, l'œil est intolérant sur les petits écarts d'horizontalité / verticalité au niveau du sujet et par rapport au cadre de la photo. C'est au pire à corriger en post-traitement en cas d'erreur de cadrage.

Une exception notable à la règle des tiers est la mise en valeur d'une symétrie par centrage du sujet sur le ou les axes de symétrie (un reflet par exemple). Le centrage doit alors être parfait.

Passez la souris sur l'image ci-contre pour voir les axes de symétrie.

Une clé fondamentale de la photo réussie est le ou les contrastes (au sens large) entre le sujet et le reste de la photo : couleurs complémentaires, saturé/pastel, clair/foncé, net/flou, point/ligne, grand/petit, peu/beaucoup, droit/courbé, vertical/horizontal, circulaire/diagonal, surface/ligne, lisse/rugueux, mobile/immobile, léger/lourd, transparent/opaque, liquide/solide, fort/faible, riche/pauvre, etc.

Passer la souris sur cette image pour révéler le vrai sujet qui a été masqué pour la démonstration.

Pour améliorer la lisibilité de la photo, des lignes (droites ou courbes) sont bienvenues pour amener le regard vers le sujet principal. Les diagonales sont plus dynamiques que les horizontales qui évoquent la stabilité et que les verticales qui évoquent l'équilibre. Ces lignes peuvent également êtres imaginaires : la direction d'un regard, de l'ombre vers la lumière, du flou vers le net, etc.

Passez la souris sur l'image pour voir apparaître de telles lignes.

Il est souhaitable de laisser de l'espace autour des éléments qui peuvent guider le regard à l'extérieur de la photo. Un regard dirigé vers le bord ou un objet incongru (hors sujet) coupé peuvent tout gâcher.

Passez la souris sur l'image pour supprimer la grange coupée.

Rendre sur du plat notre perception tridimensionelle est heureusement possible car notre cerveau a plus d'un tour dans son sac. Le plus simple pour donner de la profondeur à vos photos est la perspective grâce à laquelle nous déduisons les distances à partir des lignes de fuites en imaginant un objet régulier.

Je souhaite juste mentionner qu'au cinéma (sans parler des films "3D"), le travelling nous permet de déduire encore plus efficacement les distances par la modification de perspective et la vitesse de défilement de chacun des différents plans. Essayez dans un couloir d'ouvrir et fermer un œil, d'abord à l'arrêt puis en avançant : la vision monoculaire est beaucoup moins plate en avançant !

Pour en revenir à la perspective et pour trouver l'angle juste avant de déclencher, pensez à vous déplacer (car le zoom ne change en rien la perspective) et à fermer un œil à l'arrêt pour évaluer l'effet.

Pour un portrait, le zoom ne changeant en rien la perspective, c'est la distance de prise de vue qui va déterminer les proportions des différentes parties du visage. Si celle-ci est courte, le nez plus proche de l'objectif sera rendu beaucoup plus gros que les oreilles. La photo ci-contre a été prise a environ 3 mètres ; cette statue à taille humaine est très bien proportionnée. Si vous passez la souris sur l'image, la distance de prise de vue est réduite à environ 40 cm (style selfie).

En règle générale, sauf si le sujet a un tout petit nez comme un enfant par exemple, évitez de prendre un adulte en photo à moins de 2 mètres pour préserver l'harmonie de ses traits...

Après 4 ans en APS-C, je retrouve enfin avec l'EOS 5D Mark II et son format 24x36 le contrôle de la profondeur de champ, notamment avec les focales fixes légères à grande ouverture comme le 50 mm f/1,4.

Un cadrage embrouillé avec un sujet peu contrasté peut devenir intéressant par la sensation tridimensionnelle provoquée par une faible profondeur de champ (étagement des plans par le flou).

Ci-contre une image au 50 mm à f/10, en passant votre souris nous passons à f/1,4.

Certaines modifications de tonalités sont interprétées comme des informations de distance : teintes foncées vers claires et diffuses (voile atmosphérique), couleurs chaudes vers froides (soleil haut), couleurs froides vers chaudes (soleil rasant).

La photo ci-contre a été contrastée pour limiter le dégradé de tonalité. Passez votre souris pour révéler la profondeur de l'originale.

Les ombres créées par un éclairage aux trois-quarts et légèrement diffus donne du modelé à vos sujets dont la forme tridimensionnelle apparaît alors plus évidente. L'idéal est un temps ensoleillé avec quelques nuages blancs pour un adoucissement optimal des ombres. Pour en savoir plus sur les effets de l'éclairage, ne manquez pas d'aller jeter un œil aux trucs et astuces du flash cobra...

Les ombres de la photo ci-contre ont été décontrastées. Passez votre souris pour révéler le modelé de l'originale.

Un ensemble d'éléments répétitifs d'une photo tendent à être perçus comme une forme d'ensemble simple & stable. Ces regroupements se font selon la "psychologie de la forme".

Passez la souris sur l'image pour révéler une courbe induite qui guide le regard vers le haut du dôme.

Sans allez jusqu'au minimalisme, il est souvent intéressant de limiter les distractions dans sa composition et de s'en tenir à l'ambiance, au sujet et ce qui y mène. Bref, se rapprocher du sujet.

Pour cette photo de heurtoir diabolique, je pense avoir trouvé un bon compromis entre la photo détaillée en gros plan et la photo de la porte. Avec une lecture de gauche à droite, les lignes nous emmènent avec le diable vers les profondeurs de la terre...

Remplir une image bords à bords par une répétition d'un motif donne un sentiment de grande étendue qui va bien au-delà du cadre lui-même. Le motif peut-être régulier comme un alignement de perles bien rangées ou irrégulier comme des gouttes de pluie sur une vitre. Cela donne de bons arrière-plans, mais il est généralement utile de casser la régularité par un élément contrasté qui identifiera le vrai sujet de l'image.

Un deuxième sujet un peu caché prolongera l'intérêt d'une image en forçant les spectateurs à alterner entre deux interprétations.

Sur cette photo de la mairie du Havre, une lecture standard de gauche à droite amènera progressivement le regard vers le garçon qui, d'un pas décidé, se dirige vers la droite, c'est-à-dire son futur...

Une conversion en noir & blanc est méritée par toute photo ne comportant que peu de teintes différentes ou pour lesquelles les informations de couleurs sont peu utiles voire néfastes au message. L'avantage est une grande maîtrise des contrastes via post-traitement permettant de décupler l'expressivité de la composition. Sous Photoshop Camera RAW ou Lightroom, il est possible de régler indépendamment l'intensité du gris correspondant à huit couleurs différentes (l'équivalent des filtres colorés de l'argentique), puis d'intensifier globalement le contraste via l'outil courbes bien au delà de ce qui est admissible en couleurs. Un léger vignettage volontaire peu aider à concentrer encore le regard vers le centre de l'image.

Passez votre souris sur l'image pour une interprétation en noir & blanc et cliquez sur le lien pour d'autres exemples.

L'expressivité d'une photo peut dans certains cas être encore améliorée par un virage de couleur pour souligner une ambiance. Sous Photoshop Camera RAW ou Lightroom, l'onglet "virage partiel" vous permettra d'ajuster indépendamment la couleur et la saturation des tons clairs et foncés. Je vous conseille de commencer par une saturation des tons clairs au maximum et des tons foncés au minimum pour choisir la teinte des tons clairs isolément, puis de faire le même exercice pour les tons foncés seuls, avant de régler finement les 2 curseurs de saturation.

Passez la souris sur l'image ci-contre pour lui faire subir un virage type Sépia.